De ce lieu, un Ladakhi dirait : « Seuls les meilleurs amis ou les pires ennemis parviennent jusqu’ici !»

Depuis notre départ d’Ottawa, le paysage est en constante évolution. Des monts verdoyants aux lacs étincelants et rivières grondantes, nous sommes passés, à l’approche d’Iqaluit aux montagnes dénudées où la neige engorge encore les ravins. Après l’escale d’Iqaluit, alors que nous approchons de Pond Inlet,  les eaux bleutées de la baie Frobisher à moitié dégelée ont fait place à un monde minéral recouvert de glace. Une succession de sommets enneigés coiffant des fjords profonds pris par les glaces et pour lesquels on devine les parois les plus hautes, offrent des vues à couper le souffle aux quelques 30 passagers du petit aéronef qui nous transporte. Le nez collé au hublot, je n’arrive pas à détacher mon regard de cette Terre de Baffin même pour me replonger dans ce livre qui en relate l’histoire au travers des expéditions polaires menées par un certain Frobisher, venu dès les années 1570 reconnaitre et exploiter cette Meta Incognita pour le compte de l’Angleterre gouvernée alors par la très chère reine Élisabeth 1re dite la reine Vierge !

L’avion entame sa descente sur Pond Inlet et déjà la vue est saisissante par cette ceinture de montagnes enneigées qui domine la ville. Pond Inlet se situe à hauteur du 72e parallèle soit à 1 932 km du pôle Nord seulement. Ce hameau de quelques 1700 âmes comprend 2 églises, une école, une bibliothèque et 2 épiceries dont l’une, appelée, Coop est très fréquentée par la population Inuit qui réside à ces latitudes depuis…. un ou deux millénaires seulement! Les rues ne sont pas goudronnées et aucun trottoir à disposition des piétons. Permafrost oblige,  ici, on va à l’essentiel ! L’acheminement de toutes les denrées,  du matériel et des matériaux se fait par avion à l’année ou bien par bateau en été. Mieux vaut être prévoyant ! L’éloignement des communautés Inuites accrochées au Septentrion fait du nord de la Terre de Baffin une destination très onéreuse.

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Chaîne de montagnes de l’île Bylot à Pond Inlet

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Si le Pôle Nord est le chapeau du Monde, voyager en Terre de Baffin, c’est voyager sur le bord de ce couvre-chef.

Steve, notre guide, est là à m’attendre dans la petite salle de l’aéroport. Dès la réception des bagages, nous partons vers l’hôtel. Ce soir nous mangerons pour la dernière fois dans une salle de restaurant. Le briefing se fera après le souper puis nous irons nous reposer avant le départ pour la banquise. Le repos sera après un petit tour dans Pond Inlet, en bordure du détroit isolant la ville de l’île Bylot qui fait partie du parc national Sirmilik ! Malgré l’heure avancée de la soirée, le soleil est encore haut dans le ciel. De nombreux enfants se sont retrouvés dans la rue et jouent au bord de l’eau. Leurs éclats de  rire retentissent dans le village. Les petits Inuits sont très joueurs et très rieurs.

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Sourires et rires des enfants Inuits

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Le détroit de l’Éclipse et le mont Herodier (754 m)

Après un petit déjeuner copieux, nous sommes amenés en bas de Pond Inlet, là où se retrouvent tous les Inuits en partance pour la chasse ou la pêche. Les préparatifs vont bon train et nous chargeons les qamoutiq (traîneaux).

Un qamoutiq ressemble à une sorte de gros sabot taillé au carré. Il est tiré par une motoneige à l’aide d’une simple corde. Ce véhicule est très pratique pour les Inuits qui l’utilisent pour transporter  matériel de chasse et de pêche. C’est aussi un abri en cas de tempête.

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Le « port » de Pond Inlet

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Qamoutiq

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Les préparatifs vont bon train!

En fin de matinée l’équipée s’élance sur ce long ruban de glace que forme le détroit de l’Éclipse (nom du premier bateau qui navigua dans ces eaux). Il ceinture élégamment l’île Bylot et  nous mènera jusqu’à la Pointe Button, jusqu’à l’océan gelé, jusqu’à la banquise !

Après un parcours de 3 heures entre montagnes et glaciers et un super pique-nique au pied du mont Herodier, nous arrivons à une cache où est entreposé le gros du matériel nécessaire au dressage du camp de base. Tout le monde participe au montage des tentes. Afin d’être isolés de la glace et de l’eau de fonte,  il est placé un playwood (une planche de contre-plaqué) sous chaque tente. À l’aide de grands clous assez robustes pour s’enfoncer dans la glace sans se courber, nous fixons solidement les tentes et recouvrons chaque clou de neige pour les maintenir au froid. De même, nous bordons le tour des tentes d’une couche de neige pour ralentir la fonte. Ensuite nous montons les lits de camp et nous nous installons dans ce qui sera notre sweet home durant 6 jours.

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Arrivée au pique-nique au pied du mont Herodier

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Après le déjeuner…c’est reparti vers l’immensité Arctique, vers la banquise !

Même technique pour monter les deux grandes tentes qui serviront de cuisine et  de salle à manger, causerie et base de recharge des batteries (appareils photos et cameras obligent). Chauffée, nous apprécierons le confort et la convivialité qui se dégagera de la tente tout au long du séjour. À l’écart du campement, au pied de la montagne, se dresse une petite tente noire, carrée et toute en hauteur : c’est la toilette ! Très confortable, propre et sans odeur aucune ! Même si c’est du  luxe, ce n’est pas là que l’on s’attardera !

En quelques heures seulement, ce camp, qui me fait penser à un étal d’oranges savamment alignées,  est monté. Il est à peine organisé que déjà une collation faite de fruits, fromages, croustilles, café, thé et tisane nous attend, finement placée sur une table de camping. Des sièges de plage font face à l’immensité septentrionale et nous invitent à un moment de détente très apprécié dans ce décor féérique. La classe !

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Dressage du camp

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Tente avec vue

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Le camp de base à la Pointe Button

Steve, Sophie et Nathalie, sont nos guides spécialistes de l’Arctique. Ils s’affairent pour notre confort, s’assurent que tout fonctionne. Déjà, ils nous proposent une sortie d’exploration pour la fin de la journée ce que nous acceptons sans nous faire prier.

Nous sommes également encadrés par des guides Inuits.  Don, toujours en tête des trois qamoutiq, nous guidera sur la banquise à chacune de nos sorties. François, le guetteur,  il surveillera le camp pendant que nous dormirons. Armé d’un fusil, du haut de la montagne qui surplombe le camp,  il  veillera à ce qu’aucun ours polaire ne vienne troubler la quiétude de notre camp. Ce n’est pas des farces ! Pour notre sécurité à tous, François ne dort jamais et surveille les ours qui rodent ! Une belle job pour ma retraite !

Après le dîner, nous embarquons à deux par qamoutiq et nous voilà partis pour une première exploration sur la banquise… La motoneige démarre, le qamoutiq s’ébranle, c’est alors que commence…

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 Don et son pique-glace (aussi indispensable que le fusil qui est dans chaque qamoutiq)

Rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir la suite de cette aventure aux confins de l’Arctique !

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Consultez nos programmes en Arctique et le programme suivi par Éliane pendant son séjour.

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