Ce weekend, j’ai replongé dans de vieilles photos – vous savez, à l’époque où l’on faisait encore des albums papiers, avec des photos imprimées 😉 – et j’ai eu envie de partager avec vous une randonnée fabuleuse que j’ai eu la chance faire : la Chilkoot Trail, entre l’Alaska et le Yukon, qui retrace entre autres le parcours des chercheurs d’or de la fin du 19è siècle.
Une randonnée historique :
La ruée vers l’or du Klondike attira environ 100 000 prospecteurs entre 1896 et 1899. La ruée aurait été provoquée par la découverte d’or dans la région et la propagation de cette nouvelle jusqu’à San Francisco. Parmi ces prospecteurs, environ 20 000 empruntèrent le col Chilkoot en 1898, un chemin ardu mais plus court pour atteindre leur terre promise. Le gouvernement canadien ayant imposé que chaque prospecteur devait pouvoir subvenir à ses propres besoins pendant un an, ce qui équivalait à 520kg de nourriture, il n’était pas rare qu’ils aient jusqu’à une tonne d’équipement avec eux ! Beaucoup ne savaient pas dans quelle aventure ils s’embarquaient, mais la Chilkoot Trail nous replonge dans leur histoire avec ses vestiges le long de la randonnée. Quand on marche sur leur pas, on se sent upeu , nous aussi.Si mon aventure date de 15 ans déjà – c’était en 2003 – la Chilkoot Trail, elle, est immortelle, n’a rien perdu de sa superbe, et est toujours aussi mythique. Les informations pratiques sont bien sûr actualisées à 2018.
C’était donc l’été 2003, j’avais tout juste 18 ans et j’ai rejoint l’une de mes amies pendant un mois en Alaska, hébergée dans sa famille d’accueil : l’immersion totale. Côté randonnée, j’avais affaire à des experts : entre une mère de famille qui a couru le marathon de l’Antarctique et fait partie d’une rare élite à l’avoir terminé, et un père de famille ayant gravi le Mont Denali (anciennement connu sous le nom Mc Kinley, ma collègue Éliane vous décrit son histoire passionnante ici) en totale autonomie plusieurs fois, nous étions bien entourées ! Alors, marcher une cinquantaine de kilomètres en 5 jours en moyenne montagne : easy 😉
Toutefois, la Chilkoot Trail est une randonnée qui se prépare minutieusement, tant au niveau de l’itinéraire, que du sac à dos. Voici quelques conseils de préparation :
Permis et réservations :
- Vous devez vous prémunir d’un permis pour emprunter le sentier et obtenir l’autorisation de camper sur les endroits désignés. Le site de Parcs Canada explique très bien et très clairement toute la procédure.
- Au moment de réserver, vous devez préciser les terrains de camping où vous passerez chaque nuit lors de votre expédition.
- N’oubliez pas que vous passez une frontière entre les USA et le Canada, votre passeport est donc indispensable.
- Le sentier étant linéaire, vous devez prévoir votre retour, en train. Et oui, il n’y a pas de route à Bennett, là où vous terminez la randonnée. Il vous faudra donc réserver un billet de train de Bennett vers Skagway (côté américain), Carcross, Fraser ou Whitehorse (côté candien) avec la compagnie ferroviaire White Pass and Yukon Route
- Réservez tôt ! Le nombre de personnes est limité à 42 par jour, et ce sont les mois de juillet et août les plus demandés. Les réservations commencent dès le mois de janvier.
Équipement :
- La météo est très changeante et imprévisible, votre équipement doit donc être adapté pour affronter la pluie, le froid, le vent, et parfois de la neige, même en été.
- Les quantités de nourriture doivent être prévues et pesées très précisément pour optimiser le poids de votre sac à dos.
- Votre randonnée est en totale autonomie, vous devez donc transporter avec vous tout votre équipement de camping, votre nourriture, vos vêtements, votre trousse de premiers soins, vos cartes, etc.
Itinéraire :
- Le trajet s’effectue en général de 3 à 5 jours. Quand nous l’avons fait, nous avons opté pour la version 5 jours, qui nous laisse amplement le temps de nous imprégner des paysages grandioses qui nous entourent. Le passage du col Chilkoot est plus difficile et technique, avec un bon dénivelé et une pente très raide à 45°.
Prêt-e-s ? L’aventure peut commencer !
Nous avons quitté Fairbanks en Westfalia : à cette époque nous étions encore loin de ce retour du van et des hashtags #Vanlife, c’était donc plutôt marginal comme moyen de transport, et évidemment j’ai adoré ça. Nous avons rejoint Skagway, ou l’on doit récupérer nos permis, et avons rejoint le départ de cette fameuse randonnée.
Côté américain, avant de franchir le col, nous sommes sur un terrain avec peu de dénivelé et en basse altitude : à nous l’immensité de la forêt, avec ses odeurs, ses couleurs éclatantes, et ses ponts suspendus qui franchissent des rivières.
Chaque soir, nous devons pendre la nourriture pour ne pas attirer les ours… Pour cette première partie, nous pouvons planter la tente dans plusieurs campements. Idéalement, nous restons la première nuit à Finnegan’s Point (Km8) ou on pousse jusqu’à Canyon City (Km 12,5), et la deuxième nuit nous campons à Sheep Camp (Km 20,9), le campement le plus proche de la montée ardue qui nous attend le lendemain. C’est de ce côté-ci du col que des milliers de pionniers se sont amassés : entourés de la nature sauvage qui a repris ses droits, on peine à imaginer que de véritables petites villes se sont créées le temps de quelques mois, grouillantes de vie. Toutefois, des artefacts bien conservés témoignent de cette époque : semelles de bottes, boîtes en fer blanc, pieux pour bateaux de toile… ont été apportés, puis abandonnés par les prospecteurs. Ouvrez l’œil ! Un petit crochet par la ville fantôme de Canyon City Ruins nous replongera plus d’un siècle en arrière, avec des artefacts bien visibles, comme la cuisinière ou la chaudière qui alimentait le tramway aérien. Il va de soi chaque artefact a une valeur historique, est considéré comme un vestige fragile et ne doit en aucun cas être déplacé.
Le 3ème jour, c’est LE grand jour, nous franchissons le col Chilkoot. Le sentier est escarpé et ardu, il faut partir tôt. Une pente à 45° nous attend dans un immense pierrier, le poids du sac à dos ajoute une difficulté non négligeable. Mais quand on repense à nos pionniers et leur tonne d’équipement, on n’ose pas se plaindre… Eux avaient besoin de la journée complète pour franchir les 300 mètres du col, s’ils ne rebroussaient pas chemin avant. Cette pente que l’on appelle aussi L’escalier doré symbolise les obstacles à franchir avant de réaliser ses rêves…
Quand on arrive au col, de la neige nous attend ! C’est aussi le col qui marque la frontière entre le Canada et les États-Unis. Côté canadien, la randonnée se poursuit à une altitude plus élevée, nous avons donc troqué la forêt contre des paysages alpins : on longe des lacs turquoise, comme le Crater Lake, on s’extasie devant la flore qui éclot, on admire des glaciers qui nous entourent. On arrive au Happy Camp (Km 33), qui après une telle journée, mérite bien son nom ! Quoique… quelque peu ironique, les conditions météo étant sévères dans ce coin. La randonnée continue le 4ème jour, on longe le Long Lake, on fait un stop au Deep Lake, et on rejoint Lindeman City (Km 41,8) pour notre 4ème nuit de camping. Quelques vestiges, moins nombreux que dans la partie américaine (puisque de nombreux prospecteurs n’ont jamais pu réaliser leur rêve…), continuent de joncher le sentier.
Et, le 5ème jour, notre aventure se termine déjà… certains continuent jusqu’à Bennett puis prennent un train pour le retour, mais nous avons opté pour longer le chemin de fer jusqu’à Log Cabin (attention, le Cutoff trail qui permet de raccourcir le trajet, est désormais fermé aux randonneurs), où un stationnement nous permet de récupérer notre fameux Westfalia et de retourner à Fairbanks, via le Yukon.
Quant aux souvenirs, ils demeurent ! Et surtout, on nous remet un beau certificat qui nous prouve que nous avons bien été des pionnniers, nous aussi, le temps de quelques jours.
Si vous voulez vivre une aventure extraordinaire en Alaska entre amis, découvrez nos voyages d’aventures en petits groupes ICI.
Pour louer facilement un équipement de camping tout complet, cliquez ICI
Retour au blogue